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Dans le cas d’un bail à construction, le preneur ou locataire s’engage à construire, réhabiliter (bail à réhabilitation) ou améliorer des édifices sur le terrain du bailleur ou propriétaire. Il s’engage également à les conserver en bon état ainsi qu’à supporter l’intégralité des charges et des réparations sur toute la durée du bail. Le locataire est ainsi propriétaire des constructions pendant cette période, puis c’est le bailleur qui en devient propriétaire une fois le bail arrivé à son terme, ce qui lui permet de profiter de toutes les améliorations réalisées. Le contrat signé entre les deux parties stipule le montant du loyer qui est révisable tous les trois ans (son montant dépend du revenu brut de l’immeuble). Bien que des définitions plus pointues existent, cet article en reprend les bases afin d’en simplifier les explications. Avant de poursuivre, notons que le bail à construction est régi par les articles L. 251-1 et suivant du Code de la Construction et de l’Habitation.

⚡Flash actu : Une réforme du droit des contrats spéciaux (contrat de bail, de vente, de prêt, etc.) est en cours. Le droit en vigueur n’est pas modifié actuellement mais des changements sont à prévoir. Restez connectés !

Les caractéristiques du bail à construction

Le bail à construction existe depuis la loi du 16 décembre 1964 et a été modernisé début 2007, lors de l’entrée en vigueur du dispositif Pass-foncier. Ce bail de longue durée est le contrat qui donne au locataire un droit réel immobilier sur les constructions, puis éventuellement de céder ses droits. Il est aussi possible de les apporter en société, ce qui induit que les mêmes obligations soient respectées par le ou les cessionnaires. La grande spécificité de ce type de bail est qu’il inclut pour le locataire une obligation de mettre en valeur le fonds au travers de l’édification de constructions sur le terrain loué.

L’instauration du bail à construction a permis de procurer aux constructeurs des terrains à des conditions tout-à-fait avantageuses, tout en les affranchissant de l’obligation d’achat. Les propriétaires quant à eux peuvent utiliser leur terrain, ce qui est plus avantageux que de les garder inexploités. Le fait qu’une fois le bail arrivé à échéance le bailleur devienne propriétaire des édifices construits par le preneur est en soi un réel atout de ce type de contrat pour les propriétaires.

Plusieurs éléments particuliers sont induits par la nature de ce bail. Il est intéressant notamment de citer sa libre hypothèque, ainsi que sa libre cession et la possibilité de consentir certaines servitudes, ce qui confère certains avantages.

Qui est concerné ?

Peut consentir un bail à construction toute personne privée, physique ou morale en capacité d’aliéner, c’est à dire d’être en mesure de vendre ou de transférer la propriété d’un bien. Une personne publique peut également consentir un bail à construction sur son terrain privé. Les deux parties conservent leur liberté contractuelle sauf dans certains cas particuliers et elles sont libres de fixer le contenu de leur contrat et le montant du loyer.

Le bail à construction présente de grands avantages pour les propriétaires tout comme les preneurs. Le constructeur, c’est à dire le locataire, peut ainsi se procurer un terrain sans avoir besoin de l’acheter. Le propriétaire quant à lui profite de l’opportunité de pouvoir rentabiliser son domaine parfois inemployé dans l’éventuelle attente d’une vente.

Comment est-il formé ?

Le bail à construction doit, pour être formé, être nécessairement publié au service de publicité foncière compétent, anciennement bureau des hypothèques, et ce aux fins d’opposabilité aux tiers. Il doit ainsi être établi soit par un acte notarié, soit par un acte sous seing privé (ou « sous signature privée », c’est à dire par convention établie par les parties par écrit et signée par elles ou un mandataire) déposé au rang des minutes d’un notaire.

Les différences majeures avec les baux semblables

Les différences avec le bail classique

Il existe plusieurs points sur lesquels le bail à construction se distingue du bail ordinaire. Un contrat de bail ordinaire, justement, confère un droit personnel et peut courir sur une longue durée supérieure à 18 ans. Il peut être accompagné d’une obligation d’édifier mais le droit réel immobilier propre au bail à construction ne s’y trouve pas. Egalement, le bail ordinaire, contrairement au bail à construction, peut interdire la cession ou la sous-location tout en étant reconductible tacitement.

La principale différence avec le bail emphytéotique de droit privé

Bien que le bail à construction soit similaire au bail emphytéotique de droit privé sous certains aspects, comme la durée minimale de 18 ans, le caractère réel du droit conféré, ainsi que les possibilités d’hypothéquer, de céder et d’apporter en société parmi d’autres éléments, d’autres caractéristiques les distinguent.
La principale distinction est que le bail à construction est caractérisé par l’obligation mentionnée plus haut du locataire d’édifier des constructions ou d’organiser des réhabilitations et améliorations sur le terrain du bailleur. En revanche, le bail emphytéotique n’implique qu’une possibilité de construire, de rénover ou d’améliorer.

Régime juridique et fiscal d’un bail à construction

Régime juridique

Le bail à construction dispose d’un régime juridique particulier et adapté à ses spécificités. On y retrouve 4 caractéristiques majeures et cumulatives :
Une obligation pour le preneur d’édifier des constructions, d’en réhabiliter ou d’en améliorer sur le terrain loué au bailleur, y compris sous la forme d’une démolition suivie d’une reconstruction.
Le preneur bénéficie d’un droit réel immobilier sur la surface du sol et sur les constructions, il s’agit d’un « droit de superficie ».
Le locataire peut céder ses droits ou les apporter en société comme détaillé plus haut. Il peut aussi consentir une affectation hypothécaire portant sur ses droits et sur les constructions. Des servitudes peuvent également être consenties.
Le preneur est propriétaire de l’ensemble des constructions sur toute la durée du bail puis cède cette propriété au bailleur.

En résumé, la propriété du bailleur sur son terrain est temporaire démembrée lors de la conclusion d’un bail à construction et pour toute la durée du bail : il garde la propriété du sol et confie celle du dessus du sol au preneur.

Régime fiscal

Au niveau fiscal, le bail à construction implique que la taxe foncière est intégralement due par le preneur. En ce qui concerne les loyers et diverses prestations qu’obtient le bailleur, cela constitue des revenus fonciers.
Par exemple, le transfert des constructions qui se produit lors de la fin du bail engendre un revenu imposable pour le bailleur.

Il est également intéressant de noter que le paiement des revenus fonciers lors du retour des constructions au propriétaire originel sans indemnité en fin de bail est échelonnable sur les 15 années qui suivent. Deux cas particuliers cependant : lorsque la durée du bail dépasse 30 ans, aucune imposition n’est appliquée lors de la remise des constructions en fin de bail. Si elle n’excède pas 30 ans, le revenu brut foncier est égal au résultat d’une opération simple : Il s’agit du prix de revient des constructions auquel on soustrait 8 % par année au-delà de la 18ème.

Durée, prolongement éventuel & prix du bail à construction

Conclu pour une durée comprise entre 18 et 99 ans, le bail à construction ne permet aucun dénouement avant la durée établie qui est longue mais également limitée. Aucun transfert de droit perpétuel de propriété n’est inclus.

Le prolongement d’un bail à construction par tacite reconduction n’est pas possible comme l’indique l’art. L251-1, al. 3 du code de la construction et de l’habitation. Une prorogation (le maintien de la situation après la date de cessation d’origine) expresse souvent au bénéfice du preneur est envisageable à l’aide d’une manifestation unilatérale et formelle de sa part longtemps avant le terme du bail. Une prorogation classique est aussi tout-à-fait réalisable en cours de bail.Modèle de contrat de locationModèle de contrat de location

Samuel est co-fondateur de LegalPlace et responsable du contenu éditorial. L’ambition est de rendre accessible le savoir-faire juridique au plus grand nombre grâce à un contenu simple et de qualité. Samuel est diplômé de Supelec et de HEC Paris

Dernière mise à jour le 15/04/2024

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Michel SACCO
Michel SACCO
11/06/2019 16h16

Bravo

Gui aurelie
Gui aurelie
06/02/2021 15h12

Bonjour,
j’ai un terrain avec une maison et souhaite louer une partie de ce terrain à une entreprise pour qu’elle y construise des gites. Est ce possible?

Sadiah
Sadiah
06/01/2023 10h34
Répondre à  Gui aurelie

Bonjour,

Nous vous recommandons de prendre contact avec un professionnel du droit (avocat ou notaire) spécialisé. En effet, ces derniers seront en mesure de vous accompagner et de vous conseiller au mieux pour votre projet.

En espérant que notre réponse vous sera utile.
L’équipe LegalPlace

JEZEQUEL
JEZEQUEL
02/10/2022 9h24

M. BAEZA Franck, avez-vous obtenu une réponse à votre deuxième question ? Si oui, acceptez-vous de la partager ?

Louise
Administrateur
21/03/2023 16h39
Répondre à  JEZEQUEL

Bonjour,

N’hésitez pas à formuler votre question dans les commentaires, nous y répondrons avec le plus grand intérêt au plus vite.
En vous souhaitant une agréable journée.
L’équipe LegalPlace

DESPOINTES
DESPOINTES
21/03/2023 12h40

Merci pour ses explications

Abdel
Abdel
23/03/2023 16h01
Répondre à  DESPOINTES

Bonjour,

Nous sommes ravis que le contenu vous ait plu.

En vous souhaitant une belle journée, l’équipe LegalPlace.

Ju
Ju
03/04/2023 15h06

Bonjour,
Est-il d’usage de louer en bail à construction (ou emphytéotique) un terrain dont on a la propriété (Association) à un bailleur social? Si oui quelle est la durée moyenne du bail?

Louise
Administrateur
05/04/2023 13h24
Répondre à  Ju

Bonjour,

En effet, en règle général le bail à construction permet souvent à un organisme d’HLM de construire, entretenir et louer des logements pendant une période définie.
Le bail à construction est réglementé par les articles L 251-1 à L 251-9 du code de la construction et de l’habitation.
Ainsi, il est prévu qu’il soit conclu pour une durée comprise entre 18 et 99 ans. Mais, il est possible que soit prévu une possibilité d’achat du terrain dans le cadre d’une opération d’accession sociale à la propriété.
En espérant avoir su répondre à vos interrogations.
L’équipe LegalPlace

Ducasse
Ducasse
24/04/2023 16h19

Question
Une commune peut elle établir un BÉA à construction pour de l’habitat individuel et ainsi choisir ses habitants ?
merci
dd

Sadiah
Sadiah
28/04/2023 17h17
Répondre à  Ducasse

Bonjour,

Le code général des collectivités territoriales prévoit le BEA dans les conditions suivantes :

“Un bien immobilier appartenant à une collectivité territoriale peut faire l’objet d’un bail emphytéotique prévu à l’article L. 451-1 du code rural et de la pêche maritime en vue de la réalisation d’une opération d’intérêt général relevant de sa compétence ou en vue de l’affectation à une association cultuelle d’un édifice du culte ouvert au public. Ce bail emphytéotique est dénommé bail emphytéotique administratif”.

En espérant que notre réponse vous sera utile.
L’équipe LegalPlace

jeferry
jeferry
16/12/2023 6h20

Bonjour, le bail arrivé a terme après 14ans , le bailleur peut il immédiatement expulser le preneur ou il y a t’il un temps d’attente

Hiba
Hiba
29/04/2024 16h50
Répondre à  jeferry

Bonjour, A la fin d’un bail construction, le bailleur ne peut pas expulser immédiatement le locataire. Selon le Code de la Construction et de l’Habitation, le bailleur doit notifier au locataire son intention de ne pas renouveler le bail au moins six mois avant la fin du bail en cours. Si le locataire refuse de quitter les lieux après l’expiration du bail, le bailleur doit entamer une procédure d’expulsion conformément à la législation française, ce qui peut prendre du temps et impliquer diverses étapes judiciaires. En espérant avoir su répondre à vos interrogations, nous vous souhaitons bon courage dans vos… Lire la suite »

MARIE KOUMOIN
MARIE KOUMOIN
27/12/2023 17h34

Bonjour,
je voudrais savoir comment est fixé le loyer dans un bail à construction. merci de me repondre

Louise
Administrateur
28/12/2023 10h55
Répondre à  MARIE KOUMOIN

Bonjour, Pour fixer le loyer/ la redevance d’un bail à construction, la valeur économique de l’apport du bien par le bailleur doit être respecté. A cette fin, plusieurs méthodes d’estimation existent telles que : – La méthode par comparaison directe ; – La méthode de l’économie de loyer ; – La méthode par le cash flow de l’exploitation ; – La méthode par la capitalisation de la valeur locative ; – La méthode de l’apport net ; – La méthode par comparaison directe. Si besoin n’hésitez pas à faire appel à un professionnel en la matière. En espérant avoir su… Lire la suite »

Latte Marcel
Latte Marcel
22/02/2024 14h23

Bonjour,
Je voudrais savoir le nombre d’années d’un contrat de bail de construction.
Auusi des explications sur la prorogation que prévoit la loi.

Alissia
Administrateur
23/02/2024 14h24
Répondre à  Latte Marcel

Bonjour,
Conformément à l’article L251-1 du Code de la construction et de l’habitation, un bail à construction est conclu pour une durée comprise entre dix-huit et quatre-vingt-dix-neuf ans. Il ne peut se prolonger par tacite reconduction. Afin de le prolonger, il faut alors ajouter une clause au contrat qui prévoit expressément cette faculté.
En espérant que notre réponse vous sera utile, nous vous souhaitons une belle journée.
L’équipe LegalPlace

Grandchamp
Grandchamp
18/03/2024 19h27

Très intéressant. Je souhaiterais développer l’idée de la sous-location. Je suis bailleur avec un bail portant sur un terrain. Sur ce terrain: des constructions édifiées par le preneur dans les années 70. Le bail aujourd’hui est intitulé “bail commercial”, mais il s’agit de la location d’un terrain, et les constructions industrielles sont explicitement qualifiées de propriété du preneur, et reviennent à titre gratuit au bailleur en fin de bail. Ce bail est de 9 ans, déjà renouvelé plusieurs fois. Question: le preneur, propriétaire des constructions, peut-il librement sous-louer ? doit-il obtenir l’autorisation du bailleur ? ou bien seule la partie… Lire la suite »

Sadiah
Sadiah
21/03/2024 12h15
Répondre à  Grandchamp

Bonjour,

En principe, la sous-location nécessite d’obtenir l’autorisation du propriétaire.
Toutefois, vous avez la possibilité de prendre conseil auprès d’un avocat afin d’opter pour la meilleure solution dans cette situation particulière.

En espérant que notre réponse vous sera utile.
L’équipe LegalPlace

jjm
jjm
04/06/2024 21h11

Bonjour à vous lire je comprends qu’à la fin de la période de 30 ans le ou les biens construits deviennent propriété du bailleur !!
Exemple je donne mon terrain à bail pour un loyer de 3600€ AN  – après une période de 18 ans fin du bail !! l’actif est valorisé à 1 M€ (terrain + construction) devrons nous nous acquitter de taxes !!! plus-value ou autres ??

Khadidja
Administrateur
06/06/2024 13h14
Répondre à  jjm

Bonjour,

En principe, à la fin du bail à construction, les biens deviennent la propriété du bailleur sans imposition immédiate de la plus-value. Cependant, il faut noter que les taxes locales peuvent augmenter en raison de la valorisation du bien. Les impôts sur la plus-value ne s’appliqueront alors que si le bailleur vend le bien ultérieurement.

En espérant avoir su répondre à vos interrogations, nous vous souhaitons une belle journée.

L’équipe LegalPlace

Hugues B.
Hugues B.
07/06/2024 9h35

Bonjour,
Lors de la rédaction du bail à construction, est-il possible de prévoir une clause de dégrèvement du loyer sur une courte période (par exemple 5 ans) le ramenant ainsi à 0 afin que le preneur puisse ériger sa construction et démarrer son activité sans pour autant être pénaliser par le loyer.

Jérôme
Jérôme
25/06/2024 18h28

Bonjour,
j’ai une SCI dont le bâtiment a une grande toiture bien exposée.
Une SAS exploitant solaire occuperait la toiture de la SCI et pour cela changerait la toiture (donc toiture neuve). Peut-on envisager un bail de construction dans cette situation? merci d’avance pour votre avis.

Khadidja
Administrateur
04/07/2024 10h03
Répondre à  Jérôme

Bonjour,

En principe, un bail de construction est possible si vous suivez des étapes précises : vous devez d’abord négocier le contrat ainsi que rédiger le bail. Ensuite, il vous faut l’approbation des associés de la SCI. Une fois l’accord obtenu, vous pouvez signer le bail de construction et finaliser vos formalités administratives.

En espérant avoir su répondre à vos interrogations, nous vous souhaitons une belle journée.

L’équipe LegalPlace

Lelorieux
Lelorieux
08/07/2025 10h57

Bonjour Samuel.
Est il possible de prévoir parallèlement, un contrat entre les parties, pour procéder à cession du foncier, au prix du marché avant les 18 ans si les parties l’accepte ?
Cordialement
Gilles et Yvonne

Lucie Poucet
Administrateur
09/07/2025 9h41
Répondre à  Lelorieux

Bonjour,

Il est possible de prévoir un contrat ou une clause permettant la vente du foncier avant les 18 ans, si les deux parties l’acceptent au moment de la cession. Cette possibilité doit être formalisée par écrit et prévoir que le prix sera fixé objectivement, par exemple via une expertise.

En espérant que notre réponse vous sera utile, nous vous souhaitons une belle journée.

L’équipe LegalPlace

CHARLES
CHARLES
26/08/2025 7h44

Bonjour, S’il n’y a pas eu de bail de construction signé, existe-t-il un bail par défaut ? Merci.

Khadidja
Administrateur
26/08/2025 8h54
Répondre à  CHARLES

Bonjour,

En principe, le bail de construction doit obligatoirement être conclu par écrit et publié au service de la publicité foncière (article L.251-1 du Code de la construction et de l’habitation). À défaut de signature, il n’existe pas de bail de construction « par défaut ». L’occupation des lieux peut alors être requalifiée en un autre type de contrat (bail de droit commun, bail emphytéotique, simple convention d’occupation précaire), selon les circonstances et la volonté des parties.

En espérant que notre réponse vous sera utile, nous vous souhaitons une belle journée.
L’équipe LegalPlace.

Rédigé par

Samuel est co-fondateur de LegalPlace et responsable du contenu éditorial. L'ambition est de rendre accessible le savoir-faire juridique au plus grand nombre grâce à un contenu simple et de qualité. Samuel est diplômé de Supelec et de HEC Paris